Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/493

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Quatre jours d’une lutte sanglante l’ont dégagée, mais non rassurée ; car ne voyons-nous pas, à chaque instant, la main de l’État, obéissant aux préjugés vulgaires, toujours prête à s’immiscer dans les rapports du capital et du travail  ?

L’action de la concurrence a déjà été déduite de notre théorie de la valeur. Nous ferons voir de même l’effet des machines. Ici nous devons nous borner à exposer quelques idées générales sur les rapports du capitaliste et du travailleur.

Le fait qui frappe d’abord beaucoup nos réformateurs pessimistes, c’est que les capitalistes sont plus riches que les ouvriers, qu’ils se procurent plus de satisfactions, d’où il résulte qu’ils s’adjugent une part plus grande, et par conséquent injuste, dans le produit élaboré en commun. C’est à quoi aboutissent les statistiques plus ou moins intelligentes, plus ou moins impartiales, dans lesquelles ils exposent la situation des classes ouvrières.

Ces messieurs oublient que la misère absolue est le point de départ fatal de tous les hommes, et qu’elle persiste fatalement tant qu’ils n’ont rien acquis ou que personne n’a rien acquis pour eux. Remarquer en bloc que les capitalistes sont mieux pourvus que les simples ouvriers, c’est constater simplement que ceux qui ont quelque chose ont plus que ceux qui n’ont rien.

Les questions que l’ouvrier doit se poser ne sont pas celles-ci :

« Mon travail me produit-il beaucoup  ? Me produit-il peu  ? Me produit-il autant qu’à un autre  ? Me produit-il ce que je voudrais  ? »

Mais bien celles-ci :

« Mon travail me produit-il moins parce que je l’ai mis au service du capitaliste  ? Me produirait-il plus, si je l’isolais, ou bien si je l’associais à celui d’autres travailleurs dénués comme moi  ? Je suis mal, mais serais-je mieux