Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/620

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dit : « Si l’on te frappe sur une joue, présente l’autre, » il donne un précepte qui, pris au pied de la lettre, détruirait le droit de légitime défense dans l’individu et par conséquent dans la société. Or, sans ce droit, l’existence de l’humanité est impossible.

Aussi qu’est-il arrivé ? Depuis dix-huit siècles on répète ce mot comme un vain conventionnalisme.

Mais ceci est plus grave. Il y a des religions fausses dans ce monde. — Celles-ci admettent nécessairement des préceptes et des prohibitions en contradiction avec la sanction naturelle correspondant à tels ou tels actes. Or, de tous les moyens qui nous ont été donnés pour discerner, dans une matière aussi importante, le vrai du faux, et ce qui émane de Dieu, de ce qui nous vient de l’imposture, aucun n’est plus certain, plus décisif, que l’examen des conséquences bonnes ou mauvaises qu’une doctrine peut avoir sur la marche et le progrès de l’humanité : a fructibus eorum cognoscetis eos.

Sanction légale. La nature ayant préparé tout un système de châtiments et de récompenses, sous la forme des effets qui sortent nécessairement de chaque action et de chaque habitude, que doit faire la loi humaine ? Elle n’a que trois partis à prendre : laisser agir la Responsabilité, abonder dans son sens, ou la contrarier.

Il me semble hors de doute que lorsqu’une sanction légale est mise en œuvre, ce ne doit être que pour donner plus de force, de régularité, de certitude et d’efficacité à la sanction naturelle. Ce sont deux puissances qui doivent concourir et non se heurter.

Exemple : si la fraude est d’abord profitable à celui qui s’y livre, le plus souvent elle lui est funeste à la longue ; car elle nuit à son crédit, à sa considération, à son honneur. Elle crée autour de lui la défiance et le soupçon. En outre, elle est toujours nuisible à celui qui en est victime. Enfin,