Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/627

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quel on puisse arriver par la loi écrite, c’est que les conséquences bonnes d’une action mauvaise soient recueillies par l’auteur de l’acte, et que les conséquences mauvaises retombent sur un tiers, ou sur la communauté ; — ce qui est, certes le caractère spécial de l’injustice.

Ainsi les sociétés modernes sont constituées sur ce principe que le père de famille doit soigner et élever les enfants auxquels il a donné le jour. — Et c’est ce principe qui maintient dans de justes bornes l’accroissement et la distribution de la population, chacun se sentant en présence de la responsabilité. Les hommes ne sont pas tous doués du même degré de prévoyance, et[1], dans les grandes villes, à l’imprévoyance se joint l’immoralité. Maintenant il y a tout un budget et une administration pour recueillir les enfants que leurs parents abandonnent ; aucune recherche ne décourage cette honteuse désertion, et une masse toujours croissante d’enfants délaissés inonde nos plus pauvres campagnes.

Voici donc un paysan qui s’est marié tard pour n’être pas surchargé de famille, et qu’on force à nourrir les enfants des autres. — Il ne conseillera pas à son fils la prévoyance. Cet autre a vécu dans la continence, et voilà qu’on lui fait payer pour élever des bâtards. — Au point de vue religieux sa conscience est tranquille, mais au point de vue humain il doit se dire qu’il est un sot…

Nous ne prétendons pas aborder ici la grave question de la charité publique, nous voulons seulement faire cette remarque essentielle que plus l’État centralise, plus il transforme la responsabilité naturelle en solidarité factice, plus il ôte à des effets, qui frappent dès lors ceux qui sont étrangers

  1. La fin de ce chapitre n’est plus guère qu’une suite de notés jetées sur le papier sans transitions ni développements.(Note de l’éditeur.)