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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/101

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d’une opinion préconçue! Nul en ce cas, à ce que je vois, ne considère ce qui a été fait ou non; pour justifier l’attaque on n’invoque d’autre témoignage que celui de son propre désir. Que le Dieu tout puissant daigne changer un pareil état des esprits et des choses et faire descendre sur notre siècle vieilli et corrompu les clartés de l’âge d’or. Quels crimes si abominables n’étaient jusques ici couverts sous le manteau d’un office qui comporte la vertu et de quelle faiblesse morale n’eut été tenu pour excusé un membre de la céleste milice? Mais maintenant voici que la cléricature est en butte à de perfides soupçons, et ce qu’il eut été une indignité de commettre avant notre profession religieuse, on nous suppose le faire au mépris de l’honnêteté la plus vulgaire après que, par le titre ecclésiastique dont nous avons été honorés, nous avons renoncé au péché d’une manière plus absolue. Quels énormes péchés m’ont donc mérité d’être, malgré moi, élevé par vous à un emploi qui m’expose de la sorte au venin de la critique? Alors que d’ordinaire toutes les aberrations y sont coupées dans leur racine par les saintes rigueurs de la règle de vie qu’on y mène, vous m’y faites croire capable de tout crime.

Bref cet homme m’a reproché de lui avoir soustrait ses esclaves, et contre la puissance d’un soldat de l’Eglise comme moi il a cru devoir recourir à la justice impériale. Je vous le demande, quel ingénieux compositeur eut jamais imaginé