Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/131

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leçons de la divine Providence, elle donnait à ses bienfaits d’autant plus d’éclat que mes mérites pesaient, moins dans la balance du jugement; ou bien elle négligeait même de les apprécier et les récompensait de dons qui paraissaient absolument immérités. C’est que l’affection qui s’accorde aux humbles, ne se renferme pas dans les règles communes et montre au grand jour son visage tout rayonnant de splendeur. Pendant longtemps appuyé, après Dieu, sur un tel préjugé, je vivais sans crainte de tout ce que la malignité pouvait ourdir contre moi. Mais votre oubli m’a fait rentrer comme devant dans la poussière et aussitôt (c’est la consolation ordinaire de ceux qui se trouvent sans défenseur), je vous écrivis des lettres toutes remplies de mes plaintes, espérant bien que leur importunité vous arracherait une réponse. Peut-être votre Grandeur va m’objecter que le surcroit des occupations vous empêche de vaquer à ces devoirs : Je vous rappellerai que votre Eminence se trouvait dans les mêmes conditions lorsqu’autrefois elle écrivait. Je dois cependant me renfermer dans les règles du genre épistolaire, de crainte qu’une trop longue lettre ne vous porte de l’ennui et qu’au lieu de m’obtenir la réponse que je demande, elle ne me la fasse plutôt refuser.

Mon cher seigneur, je vous rends le devoir de mes salutations et je vous demande en ami des nouvelles de votre santé;