Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

funestes de leur cime vous apparaissent; là aussi, à ce que vous m’avez écrit, le gland entre dans votre nourriture. De ce fait, il est vrai, l’on peut tenir pour garant le style de vos lettres, car cet aliment s’accuse assez par les éructations grossières de votre esprit et les âpretés alpestres de votre discours. Je suis néanmoins dans l’admiration de ce que dans ce séjour où la glace immobilise le cours des fleuves, où le froid règne sans interruption, la flamme de votre cœur ne soit que plus ardente et ne subisse aucun refroidissement. L’ardeur s’apaise à mesure qu’on avance vers la vieillesse; autour de votre maison Les eaux sont solidifiées comme du fer et, malgré la nature, les torrents vaincus demeurent suspendus au-dessus des gouffres; et vous, au milieu de toutes ces glaces, vous paraissez animé d’une chaleur si vive que les frimas semblent n’avoir d’autre effet que de l’alimenter.

Je vous parle comme un parent et j’estime qu’en cette qualité je vous dois cette charitable admonition. A vous de l’accepter avec joie et de montrer par là si vous désirez recevoir de moi de fréquentes lettres. Quant à moi, outre l’hommage de mes salutations, je ne trouve pas autre chose à écrire à des gens plongés dans les jouissances charnelles qui font vos délices.

Lettre 25