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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/87

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que je trouve en vos paroles, c’est la vie. Je l’avoue sans détours, sans artifice de langage, car j’ignore l’art de feindre je sens ma vie comme diminuée lorsque je ne jouis plus de vos entretiens. Direz-vous que vos confidences sont poussées trop loin, si par vous il arrive à mes oreilles quelques nouvelles de malheurs que le monde entier doit déplorer? Comme s’il était permis à un chrétien d’ignorer un mal sous lequel Rome succombe. Les nations barbares même, séparées de nos frontières de presque toute l’étendue du globe, ne l’apprendront pas, j’en suis persuadé, sans en gémir et comme consolation à notre douleur, pleureront avec nous. Votre grandeur évite de prendre le soin de m’informer de toutes ces choses, sans doute pour que les porteurs de fausses nouvelles puissent avec une sécurité vraiment diabolique, mentir tout à leur aise, à tel point qu’après toutes ces fables, je ne vois plus personne à qui ajouter foi, personne qui puisse réconforter mon âme par l’exposition sincère de la vérité. Gardez-vous d’en agir ainsi, mon cher seigneur. Entre vous et moi il en va autrement. Autres sont les exigences du forum, autres celles de l’intimité du salon: vos familiers ont le droit de vous entendre raconter ce que vous avez appris dans le commerce du grand public:

Nourrissez de vos entretiens les esprits de ceux qui vous tiennent pour leur maître et la pensée de vos fidèles, et qu’il ne soit