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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/86

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Grâces soient rendues à Dieu dont la clémence a fait tourner à bien ces épreuves et dont la miséricorde a éloigné de nos têtes les maux que nous n’avions que trop mérités. J’eusse voulu cependant être honoré de votre part d’une telle affection qu’admis souvent à partager vos joies, j’eusse mérité de partager aussi vos tristesses. Pensez-vous que je doive tenir pour acquise la faveur dont vous m’avez honoré en m’écrivant, si je me vois exclu de l’intimité de votre cœur comme indigne de votre confiance? Car vous n’avez pas, à ce que je vois, vis-à-vis de moi, une confiance aveugle. Quant à moi, j’estime que j’ai perdu vos bonnes grâces si vous ne me donnez la preuve du contraire en me faisant part de tout ce qui vous touche. Cessez, je vous en supplie, de vous préoccuper de moi sur ce point; je désire vos entretiens comme une bonne fortune. Si vous me les refusez, je vais dépérir et me dessécher comme la terre qui ne reçoit du ciel aucune rosée, que nulle humidité ne pénètre pour alimenter les moissons en herbe et leur faire produire de lourds épis.

Le poisson retiré de l’eau et privé de cet élément qui le fait vivre, ne tarde pas à périr, ainsi moi-même privé des flots d’éloquence de vos entretiens, je me sens mourir. Que d’autres s’arrêtent aux jouissances sensuelles; moi, je demande ce qui pénètre jusqu’à l’âme : Oui, ce n’est pas seulement du charme