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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/89

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pensées se combattaient; j’appréciais de diverses façons et votre lettre et le parti que j’avais pris. Comment, je vous le demande, se montrer plus charmant en commettant un forfait, que de croire trouver sa justification à prétendre n’agir de la sorte que par ordre de sa victime? Car nul ne saurait reprocher à autrui un crime qu’il avoue lui-même. Mais je crois que la personne ne connaissait ni le droit ni les lois et ne suivait, pour arriver à ses fins, que l’inspiration de son habileté si grande qu’elle donnait à un écrit trompeur les apparences de la vérité, et tirait des charmes du style comme un titre de juste propriété. Je ne veux mettre en avant le nom de personne; il me répugne de tenir le rôle d’accusateur : il me suffit de sauvegarder ma modestie à l’abri de toute attaque que d’autres s’exposent aux coups de la tempête. Quant à moi, pressé de l’affronter par le stimulant d’une lecture qui fait mes délices, je m’en défendrai par l’exemple des Patriarches Jacob ne dut-il pas à un larcin de l’emporter sur son frère aîné et d’obtenir la suprématie que la nature ne lui avait pas donnée? David en fuite à travers un pays désert, loin des routes fréquentées et des lieux habités, prit les pains de proposition pour apaiser sa faim, malgré la défense de la loi dont les exigences doivent le céder à celles de la faim. J’ai dû moi-même, dans la disette où se trouvait mon âme, des livres divins, souffrir la faim spirituelle, à tel point que le mal