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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/98

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quant à ceux que la nature a privés de ces dons, il lui sied pour les rendre célèbres de leur envoyer un écrivain. Dès lors il n’est plus de sol si pierreux qui fasse le désespoir du laboureur, ni de champ qui ne réponde aux souhaits de celui qui le cultive. L’art de la parole donne aux terres des qualités mais selon que l’orateur a su parler, la chose dont il aura parlé sera appréciée. Provinces déshéritées, cultivez les lettres et vous grandirez. C’est à la parole que vous devez tout ce qui en vous fait l’admiration du lecteur. Sol fertile, cru qui te glorifie de tes vignes luxuriantes ; terre dont les sillons fournissent la nourriture au laboureur qui les creuse dans ton sein; toi qu’il suffit d’entrouvrir pour voir aussitôt apparaître des veines fortunées; qui rends multipliées au centuple les semences que l’on t’a confiées, tu ne seras point comptée parmi les terres privilégiées si le seigneur Faustus, en qui se résume l’éloquence romaine, ne te fait la faveur de te visiter. Voyez Côme, par sa bourgade jusqu’ici presque complètement ignorée; certes elle n’aurait osé se prévaloir des moindres avantages, ni se vanter de posséder quelques charmes ; et maintenant comme elle est fière, grâce à votre talent ! Tout ce qu’elle peut montrer au voyageur, c’est la triste harmonie de vallons abrupts, d’affreuses gorges creusées entre des montagnes qu’unissent les neiges jusques en plein été, des champs sur des pentes