Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/108

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Je ne connaîtrai plus la caresse des bois
Et mon cœur exilé n’entendra plus de voix.

Oriane le regarde, affectant l’ironie.

Oh ! je mourrai de ton regard qui me méprise !

Oriane.
Eh bien ! non. J’ai menti ! Vous le savez, ô brise,

Ô sentier lumineux et blond où je passais ;
Et toi, claire fontaine amie, oui, tu le sais,
Toi vers qui je penchais ma gloire aérienne,
Je ne puis plus partir maintenant. Je suis sienne.

Silvère.
Que dit-elle ?
Oriane.
Que dit-elle ? Prends-moi, Silvère. Je consens.
Silvère.
Viens ! je vais t’emporter dans mes bras frémissants

À travers la splendeur de la forêt complice.
Pour que l’hymen de nos deux rêves s’accomplisse
Les astres nuptiaux ferment leurs yeux cléments.
Dans tout le bois pour le triomphe des amants
Un féerique printemps épaissit la feuillée.
Tout se tait. Pas un cri d’oiselle réveillée,