Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/109

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Pas un frisson de vent sur le calme gazon.
Viens ! Je crois voir là-bas le ciel de l’horizon
S’ouvrir pour nous ainsi qu’une porte divine.
Viens ! Nous nous en irons dans la bonne ravine
Et, pendant nos premiers baisers, nous sentirons
Les rosiers indulgents se pencher sur nos fronts.

Oriane.
Oui, l’ivresse d’aimer trouble mon âme ardente.

Fuyons !

Doriette, sortant du buisson.
Fuyons ! Mais sonne donc !… Elle fuit… Imprudente !

Tu me venges trop bien, Oriane ! Merci…
Je n’avais pas rêvé de le punir ainsi.
Oriane, Oriane ! Hélas ! dans la broussaille,

Elle regarde dans le buisson.

Elle faiblit ! la feuille autour d’elle tressaille.
Ses cheveux dénoués semblent un ruisseau d’or !
Oh ! je veux la sauver. Je vais prendre le cor
Moi-même !

Elle saisit le cor et le porte à ses lèvres. Le cor ne rend aucun son.

Moi-même ! L’olifant reste muet ! Prodige !
Mais non, ce sont les fleurs !… Allez-vous-en, vous dis-je,
Mauvaises fleurs !