Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Joyeuses, sur les claires ondes
D’un golfe paisible et splendide,
Des galères aux voiles blondes
Appareillent pour l’Atlantide.

Et des lys ravis par les brises
Neigent dans la douce venelle,
Tandis qu’au loin des voix éprises
Proclament la joie éternelle.

Mais toi, ma sœur, blanche et plaintive,
Laissant choir la quenouille lasse,
Telle qu’une reine captive
Tu te penches sur la terrasse.

Et parmi les lourdes bannières
Qui claquent dans le vent sonore,
Tu lèves tes mains prisonnières
Comme pour cueillir de l’aurore.

1889.