Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Le Gnome.
Je ne sais. Ma chanson fait la mort et l’hiver,

Et je ris de songer aux tempêtes prochaines.
Je suis seigneur des gens et seigneur des pays
Et cette serpe abat la royauté des chênes,
Mais je ne suis qu’un pâle esclave et j’obéis.

Les bêtes merveilleuses, s’approchent du Prince.
Nous sommes les dragons gardiens de l’or stellaire,

Notre griffe retient les astres dans le soir.
Nous attendons couchés au seuil crépusculaire
Et nous veillons le vaste ciel sans rien savoir.

Le Sylphe.
Voilà nos vains secrets, ô Prince, qu’on te livre.

Nos vils trésors sont entassés à tes genoux :
Tu vois, nous vivons tous dans la stupeur de vivre
Et nous sentons parfois la honte d’être nous.
..................

Hélène.
Ami, les fleurs de nuit qui veillent les palais

Frissonnent sous un vent de deuil ; respire-les.
N’est-ce pas qu’elles ont, ce soir, un parfum triste ?
Aujourd’hui, quand tes chiens royaux suivaient la piste
Des sangliers parmi la fête des forêts,
Lasse et prise de peur plaintive, je pleurais.
Ton cor de bronze avait de sombres sonneries,