Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De mes flèches d’argent j’ai combattu la guivre
Pendant tout un long jour de soleil et de sang ;
Mais ivre de légende et dédaigneux de vivre,
Je n’avais pas pleuré sous le baiser puissant.

Voici que vous venez des pays de la vie ;
Les roses du matin saignent dans vos doigts blancs.
C’est l’aurore ! voici que la forêt ravie
Tressaille sous vos pas victorieux et lents.

Vous venez du pays des sœurs et des épouses,
Simple et forte parmi les halliers enchantés ;
Vous chassez le troupeau des princesses jalouses
Et vos yeux ont vaincu les magiques clartés.

Vous avez pris ma main dans l’ombre merveilleuse
Et je vous suis vers la lumière des vivants ;
Car votre jeune chair splendide et glorieuse
A jeté pour toujours son parfum dans les vents.

Vos lourds cheveux couleur de soir et de vendanges
Ont avec leurs parfums humilié les fleurs ;
Vous êtes comme un ciel fleuri d’astres étranges
Dont la bonne clarté caresse nos douleurs.

..................
..................
..................