Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/175

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vous avez tous vu le Dieu. Ne sais-tu pas que les cieux, songes et menteurs peut-être, ne sont qu’un grand miroir où chacun s’aperçoit lui-même revêtu d’éternité ? Ils se sont vus dans le ciel et ils blasphèment. Entends ce qu’ils disent. »

Alors, par une fenêtre, le sage regarda. Irritée de ces dieux ridicules et ensanglantés, la foule apprêtait des torches pour incendier le temple et se ruait avec des rires et des insultes. Et voici que pour les oreilles du sage les syllabes proférées resplendirent d’un sens inouï et, dans une merveilleuse langue primitive devenue tout à coup intelligible, il entendit les blasphémateurs confesser leurs péchés et leurs crimes et proclamer devant les portes saintes leur propre néant.

1887.