Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/181

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plissaient ; on avait revêtu le mort d’un linceul filé par les princesses vierges, et le soir, au moment où tombait le soleil vers les lacs où se purifia le premier Mage, les capitaines et les maîtres des cavaleries, étant montés par les sentiers de la Montagne, avaient lancé le cercueil au gouffre, ainsi qu’il est prescrit.

Maintenant dans les bourgs et dans les plaines de grands bûchers lugubres flamboyaient ; des cavaliers vêtus de cilices veillaient sur les chemins ; par intervalles, des hérauts clamaient un signal. Et des clairons, continuellement, appelaient dans les ténèbres, car nul homme, à cause de l’immense deuil, ne devait dormir cette nuit.

Sur la Montagne, les Mages délibéraient. Anxieusement, ils se montraient les uns aux autres parmi les étoiles dont ils savaient les noms une insolite constellation. Une grande rumeur d’affliction s’élevait. Les plus jeunes des Mages, avec des cris d’interrogation et des gestes de prière, se pressaient en tumulte autour de l’initiateur Halyartès d’Ecbatane. Lui, sûr de sa science, et dédaigneux sans doute des choses futures entrevues, souriait pacifiquement à la claire nuit fatidique.