Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourtant il consentit à répondre. Il parla d’une voix grave et comme lointaine :

« Fils, dit-il, les guetteurs qui signalèrent ces menaçantes étoiles en marche eurent tort de gémir : le malheur ne sera pas. »

Alors des cris éclatèrent, plus suppliants. Haletants d’espérance, les Mages se hâtaient vers l’initiateur. Quelques-uns tendaient les mains comme si une salutaire aumône allait leur venir. Ils criaient : « Parle, parle vite ! »

Halyartès dit : « Certes, vous avez bien interprété les signes ; ces étoiles, en effet, signifient qu’un danger peut sortir pour nous de l’enfant que les prêtres investirent ce matin de la pourpre paternelle. Sans aucun doute, s’il grandissait et s’il prospérait, le roi Phërohil en un soir de sa vieillesse anéantirait toute la race des Mages et jetterait aux flammes nos Livres sacrés. Et la terre alors serait ténébreuse parce que nul ne saurait plus voir les lisibles signes tracés par les étoiles, et les voix de la nuit parleraient en vain dans le définitif silence où dormiraient les hommes, sourds désormais. Oui, tout cela s’accomplirait en la vieillesse du roi Phërohil. Mais ne puis-je faire, moi, qu’un mortel meure jeune ? »