Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/189

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suivaient. Il en venait de toutes les villes bactriennes. Car la renommée de Phërohil s’était répandue ; on le proclamait très bon et très miséricordieux, et les poètes chantaient ses louanges au son des harpes hiératiques et des flûtes.

Pourtant le roi s’attristait. Quelquefois, parmi les splendeurs du palais, il avait encore un sourire d’orgueil. Mais Halyartès s’approchait, et tout de suite le roi devenait sombre comme si une ombre divine eût passé sur lui. Les courtisans s’interrogeaient. Quelle peine secrète tourmentait le roi ? On eût dit parfois qu’il avait des remords. Mais quel remords était possible en cette âme merveilleusement pure ? Nul repentir ne pouvait le troubler, ce roi, qui pardonnait aux meurtriers, qui se dévêtait pour les pauvres de sa pourpre sacrée, qui priait les dieux pour ses ennemis. Pourtant tout ce qui donne la joie aux hommes le rendait étrangement pensif, et le jour où des capitaines, parmi les fracas des clairons triomphants, parmi le resplendissement des étendards et des armes fleuries, annoncèrent une victoire, il cacha son front dans ses mains et, devant la foule heureuse, il sanglota.