Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/191

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sage un geste de malédiction. Muettes, résignées, elles la contemplaient comme des voyageurs admirent en un ciel d’orage la meurtrière splendeur de la foudre.

Sur le conseil d’Halyartès, Phërohil fit préparer un fastueux cortège et il partit pour Sirinagor. Le cheval du roi était caparaçonné de dentelles ; de jeunes esclaves chantaient et dansaient le long des routes, et des femmes à demi nues, une seule épaule couverte par une peau de panthère, conduisaient avec des thyrses d’or de grands chariots où l’on entassait, en cheminant, des fleurs sauvages.

Phërohil entra dans Sirinagor. Tremblant, torturé par le pressentiment d’un terrible amour, il alla vers le palais. C’était l’heure où la reine devait sortir, et toute une anxieuse foule attendait. Lentement une haute porte noire s’ouvrit et la reine apparut. Du haut des marches de porphyre, elle aperçut Phërohil. Tout de suite elle s’arrêta, tressaillit. Puis doucement, presque craintive, elle descendit les degrés et vint abdiquer aux pieds de Phërohil le redoutable lotus d’or. La foule murmura. Les jeunes hommes avec des cris de haine et de souffrance levaient leurs poings vers Phë-