Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/197

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les captifs défilaient péniblement et les cavaliers de l’escorte les aiguillonnaient de leurs piques, les effaraient de leurs chevaux cabrés.

Tout à coup la nouvelle se répandit que le roi arrivait. Ce fut alors une tempête de joie. Le peuple chantait des actions de grâces ; des femmes coupaient des rameaux pour joncher le chemin, tressaient à la hâte des guirlandes. Les mieux parées arrachaient leurs voiles de brocart et les suspendaient aux arbres comme des banderoles de fêtes, et les soldats abaissaient en signe de salutation les piques chargées de têtes coupées.

Brusquement un chef à cheval fut devant le roi, et dans le silence, d’une voix retentissante, il conta l’attaque imprévue des rebelles et leur juste déroute parmi les bois. Ses paroles excitèrent le peuple. Une immense colère contre les captifs se souleva. Des hommes chantant les louanges de Phërohil, clamant son nom avec amour, bondirent entre les chevaux, saisirent les prisonniers, les lièrent aux portes de la ville. Puis ils jouèrent à les tuer avec des pierres et des flèches. Phërohil accourait, la main levée pacifiquement pour ordonner de faire grâce. Mais il était trop tard. Le dernier