Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/201

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tiés entouraient Halyartès, le pressant de respectueuses questions : — « Quelle puissante parole as-tu prononcée pour troubler ainsi ce roi ?

— « En quel livre divin as-tu cueilli les vénéneuses pensées qui l’empoisonnaient ?

— « On dit que tu sais évoquer les morts ? Quel spectre as-tu appelé pour le guider vers le gouffre ? »

Halyartès sourit : « Enfants, dit-il, je n’ai eu besoin ni d’enchantements ni de spectres. Simplement, avec le naturel pouvoir du maître sur le disciple, j’ai fait de ce roi un monstre que la terre ne pouvait garder. »

Les initiés s’étonnaient. D’un impérieux mouvement de la main Halyartès les força au silence.

« Oui, poursuivit-il, un monstre. Car celui-là est un monstre pour qui l’air vital est mortel. Or, j’ai fait mourir Phërohil de ce qui nous fait vivre. J’étais maître de cette âme. J’ai versé en elle, comme un suc de mauvaise fleur, une épouvantable bonté. Phërohil, par moi, a cessé d’être un homme. Je l’ai fait meilleur qu’un homme, et voilà pourquoi il est mort. Toutes les furieuses passions qui bondissent en