Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hiérophantes, se penchant vers la pierre, prophétisa : « Celui-ci, dit-il, est de race noble. Il sera délivré des approches malfaisantes. » Les prêtres chantèrent les hymnes accoutumées ; puis ils allèrent tous ensemble confier l’enfant à des pâtres du roi. Des sonneurs de conque précédaient le cortège ; ils étaient en deuil et, tournés vers les plaines, ils faisaient retentir des appels tumultueux et désespérés. Mais du fond des halliers les buccinateurs en robe blanche leur répondaient par de riches fanfares et l’on voyait monter dans l’aurore les clairons hautains et droits comme des lys d’or.

Dans le village des bergers l’enfant fut appelé Stellus. Il grandit farouche et dédaigneux. Et pourtant une ténébreuse tendresse était en lui. Il ouvrait ses bras aux enfants, il courait vers les mères et les étreignait filialement. Mais tout à coup il s’arrêtait comme blessé d’un mal inconnu ; il baissait la tête et il s’enfuyait vers les coins d’ombre, vers les larges routes désertes. Les autres enfants lui jetaient des pierres, le battaient avec des branches ; les vieillards disaient : « Ils ont raison, tu dois jouer avec tes frères. » Docile, il essayait alors de suivre ceux de son âge quand ils allaient dans les jar-