Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/213

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se prit à rire parce que les féeriques oiseaux brusquement posés devant elle lui firent jaillir au visage, en repliant leurs ailes, de claires gouttelettes. Lorsque Stellus approcha, elle s’enfuit. Elle courait dans la campagne et tout en courant elle riait. Par moments elle s’arrêtait, cueillait en grande hâte des roses rouges et des roses blanches et les jetait vers le cavalier, ironiquement. Sa chevelure fauve s’était dénouée et s’épandait sur ses épaules comme un manteau de chasseresse taillé dans quelque dépouille de jeune lionne. À la fin Stellus l’atteignit, l’enlaça, la ravit sur son cheval. Elle riait toujours. « Lâche les rênes, » dit-elle. Doucement, avec des paroles de caresse, elle guidait le destrier dompté. Par une allée sablée de poudres bleues elle conduisit Stellus à son palais, et cette nuit-là les tymbrils et les sistres annoncèrent des noces princières.

Les guirlandes nuptiales ne s’étaient pas fanées encore aux balcons du palais, lorsque Stellus vint s’asseoir en sanglotant dans les jardins. Il levait ses mains dolentes vers le ciel et il murmurait : « Qui donc me viendra en aide ? qui donc me conseillera ? » Alors il vit un grand vieillard sacerdotal qui l’écoutait. « Père,