Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/212

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si je marchais avec les chefs. » Il accomplit de tels exploits que les rois le saluèrent leur égal. Il reçut la lance d’or et la bannière et il eut sa place parmi les princes de l’armée. Mais dans l’ardent cortège de jeunes souverains, l’ancienne douleur le surprit encore ; sur les places des capitales conquises qu’on lui donnait en apanage, il se sentait, comme dans le village des pâtres, un passant étranger.

Comme il s’affligeait, un vieux capitaine qui l’admirait lui dit : « Je sais ce que tu désires. Ce qui te manque, Stellus, c’est l’amour. Va-t’en par le monde en quête de quelque blanche princesse. Sois un amant. » Stellus crut ce capitaine. Il mit à l’arçon de sa selle d’amples branches de lilas ; il enroula autour de sa lance des pampres et des feuillages et il partit vers l’amour. De féeriques oiseaux, éblouissant l’air d’ailes éclatantes, volaient au-devant du cavalier ; sur les rivières et les campagnes planaient des parfums nuptiaux.

En un pays de soleil et d’eaux vives, Stellus trouva la blanche princesse. Elle était debout près de la fontaine ; elle puisait de l’eau dans une cruche d’argent ; ses bras souples, ses bras pâles s’appuyaient à la margelle. La jeune fille