Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/215

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diffère d’un homme. Ce qu’ils appellent l’humanité n’est qu’un troupeau désordonné d’êtres inconnus et disparates. Stellus, les yeux clairvoyants des initiés aperçoivent des différences là où les yeux vulgaires virent seulement d’évidentes similitudes. Mais les hommes, ignorant l’horrible, la divine vérité, se croient semblables les uns aux autres. Ils se parlent, les insensés, comme si les paroles pouvaient aller d’une âme à une âme. Ils se regardent entre eux comme s’ils n’étaient pas séparés par d’infranchissables murailles de ténèbres. Toi, Stellus, tu as compris obscurément que tu étais seul de ta race. C’est pour cela, Stellus, que tu as souffert. Tu t’apparais à toi-même différent des hommes et tu ne peux te résigner à ta noblesse. Tu t’enfuyais dans les forêts parce que tes compagnons étaient pour toi des étrangers. Et tu souffrais dans les forêts parce que tu n’avais plus de compagnons. Tu aimais la solitude dans les campagnes parce que tu souffrais d’être seul dans les foules. Et tu n’as pas su chercher la délivrance promise par les prophéties. Oui, les prêtres ont bien dit. Tu es d’une race noble. Mais fou, comme les autres, tu as cherché sur la terre ceux de ta race. Tu