Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/217

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clameur, à la venue du monstre, avait retenti, impérieuse et haute comme une voix de héraut, et des paroles prophétiques avaient été perçues. L’hippogriffe victorieux dévasterait le pays jusqu’à ce qu’un homme volontairement vînt s’asseoir entre les ailes étincelantes et consentît à s’en aller avec le monstre vers les étoiles.

Stellus arriva chez ces hommes épouvantés. Il vit au loin le monstre, et une espérance se leva dans son cœur. Radieux, il alla trouver les chefs du village et proclama qu’il monterait l’hippogriffe. Les hommes saluèrent Stellus par de longs cris d’admiration ; les femmes embrassaient ses genoux et répandaient sur ses pieds des huiles et des baumes. Les sages haranguaient le peuple. « Voyez, disaient-ils, celui qui va se dévouer pour vous. Il est jeune et glorieux, il aurait pu vivre de royales années. Et pourtant il va quitter les douces poussières où nous marchons avec joie ; il va laisser les fanges natales où nous nous plaisons ; il va s’en aller vers des étoiles étrangères, vers ce ciel que les hommes prudents n’aiment pas à regarder. Gloire au héros ! Contemplez celui qui nous aime assez pour fuir la terre, celui qui va se dévouer pour ses semblables. »