Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/225

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tous. Ce qui offensait ma pudeur de vierge, c’est qu’on savait ma virginité. C’est pour cela, Florentius, que j’ai souhaité ces feintes noces. J’ai voulu passer pour une épouse afin d’être vierge mystérieusement. Et maintenant, je t’adjure, mon Florentius, de ne pas révéler à ceux qui viendront notre secret. Pour que nos âmes soient saintes, renonçons à toutes les gloires et surtout à celle d’être sanctifiés sur la terre. Soyons purs dans les ténèbres et allons au ciel silencieusement. »

Florentius ayant longtemps sangloté, penché vers celle qui s’était rendormie, pria le Seigneur. Et la paix revint en son cœur. L’aurore, une douce aurore triste, s’était levée ; le vent du matin éteignait les cierges. L’évêque, le diacre et de pieuses femmes vinrent et ensevelirent Armentaria. Puis Martial, évêque, dit : « Florentius, les serfs de l’église vont enlever le corps d’Armentaria. Mais tu sais, chrétien, que la mort est une brève et vaine séparation. Tu sais que tu reverras ton épouse. Ainsi ne lui adresse pas de longs adieux désespérés. Embrasse-la comme si elle partait pour un court voyage, embrasse-la comme, en la quittant, tu l’embrassais chaque matin. » Docile-