Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/224

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d’être un saint. « Je veux qu’ils sachent, murmurait-il, je veux leur dire notre secret. »

Or, parmi les fleurs défaillantes, la morte se souleva. Sur son visage, tout à l’heure blême, une rougeur s’épandait, car c’était une ineffable pudeur qui l’avait réveillée. « Ne parle pas de cela, suppliait-elle, tendant vers l’époux ses mains surnaturelles. Ne diminue pas notre gloire. Je veux, mon bien-aimé, que tu sois pareil à moi. Ne parle pas de cela. Par ton silence tu mériteras dans le ciel de longs entretiens d’amour. Ne divulgue rien, mon Florentius. La vertu n’est entière que si elle est secrète. Et c’est peu encore d’être secrète, il vaut mieux qu’elle soit niée. Si j’avais voulu être révérée sur la terre comme une vierge, ne pouvais-je pas vivre dans la retraite auprès de Radegonde ? Il y a longtemps, Avitus, évêque de Vienne, voulut m’emmener vers la bonne reine. Sais-tu, mon bien-aimé, pourquoi je n’ai pas consenti ? Il me semblait que ces vierges consacrées publiquement au Seigneur devaient prendre un secret orgueil de leur mérite. Les hommes connaissaient leur vertu et la louaient. Moi, j’aurais eu comme une honte divine d’être chaste aux yeux de