Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/243

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Alors elle s’agenouilla de nouveau près de la fenêtre ouverte, et vers les vagues éclatantes de lune elle éploya sa bénédiction.

II

Tous les jours, dès qu’il était débarrassé de la besogne commerciale imposée par le père, Ruimond s’en allait errer au soleil des rues. C’était le milieu de la journée. La petite ville ancienne, silencieuse et comme lasse, mourait doucement dans la lumière. Les murs, brûlés de soleil, s’effritaient. Des végétations foisonnaient, rousses, blondes et noires. De vieux palais, envahis par des pauvres, défaillaient, blessés de crevasses, insultés de haillons et de linges et de filets séchant aux fenêtres. Les rues désertes apparaissaient démesurément vastes. Elles aboutissaient à des portes monumentales, flanquées de tourelles et gardées par des mâchicoulis, et il semblait que par ces