Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/247

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estime tout esthétique. Mais il lui répugnait de regarder hors de la vie et, bien qu’il ne méconnût pas l’intellectuelle pauvreté de l’homme, il avait une invincible horreur de l’inexplicable. Il avait tout à fait perdu le sens du divin, il n’était nullement de ceux que « l’infini tourmente ». Il aimait mieux ne pas y penser, et il avait dit un jour : « J’ai condamné la fenêtre qui s’ouvrait sur le mystère. »

Or, maintenant, quelqu’un, du dehors, rouvrait peu à peu cette fenêtre. Magdeleine toujours présente torturait Pierre de sa rêverie céleste. Elle l’obsédait de pensées sacrées. Et Pierre devant Magdeleine souffrait étrangement. Cette jolie religieuse rôdant sans cesse autour de lui l’oppressait. Il avait mal à la raison.

Quelquefois il essayait de causer avec Magdeleine, familièrement, comme il eût fait avec une autre sœur. Mais bien vite une parole était murmurée, un geste surgissait qui le troublait de nouveau…

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Mai-juin 1889.