Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeune soleil. Il lui semblait qu’une joie extraordinaire était répandue dans l’air ; les arbres des allées tendaient leurs rameaux dans les brumes bleues comme pour saluer une mystérieuse venue. Et des cris d’oiseaux en voyage éclataient, stridents et clairs comme des rires de fête. Sur une place solitaire un chariot plein de fleurs était renversé. Des marchands sans doute l’avaient abandonné là, à cause de l’essieu brisé, et il demeurait penché, entr’ouvert, comme une riche galère échouée ; des roses, des hyacinthes, des amarantes et des jasmins s’étaient épandus. Tout un flamboiement de fleurs triomphait sur la place. Hazanias pensa que c’était là un signe de Dieu. Certainement une volonté surnaturelle avait arrêté le chariot éblouissant de pampres embaumés, et toutes ces fleurs apparaissaient maintenant comme jetées en offrande vers celui qui allait venir. Peu à peu la ville commençait à vivre, et des clairons matinaux chantèrent au delà des remparts dans le camp de l’Impérator. Très clairement alors, le grand prêtre remarqua que les appels des clairons étaient saccadés et tremblants comme si les sonneurs, pris d’une merveilleuse angoisse, frissonnaient d’éveiller le