Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/252

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camp. Les auxiliaires barbares en sentinelle au seuil des portes s’appuyaient sur leurs grandes hastes avec des gestes de voyageurs las : et quand Hazanias passait près d’eux, il les voyait épier le chemin comme pour une fuite.

Enfin le grand prêtre arriva sur une place ombreuse où une fontaine laissait pendre, vers un bassin plein de sagittaires, de blanches et lentes franges d’eau. À ce moment quelqu’un parut du côté de l’Orient, et s’approcha de la fontaine et se pencha vers l’eau fleurie. C’était un jeune homme vêtu de lin blanc ; ses cheveux étaient longs et sa barbe divisée en deux pointes avait la couleur des vignes mûres. Il était grand et robuste, et sa main brune qu’il appuyait maintenant aux vasques de pierre semblait garder des souvenirs d’épée. Soudain deux oiseaux du désert surgirent dans le ciel, et lentement, ployant leurs ailes sonores, ils s’abattirent sur la fontaine aux deux côtés de l’étranger. Hazanias accourut, le cœur troublé de joie sacrée ; il tremblait, il n’osait plus parler, il balbutiait, mêlant des mots de bénédiction aux versets de la prophétie ; il s’agenouillait devant le jeune homme et baisait sa robe de lin, pieusement : « Salut, disait-il, maître d’Is-