Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ignares qui bornent le monde à l’enceinte de leur ville. Beaucoup d’entre eux installés à Paris et, par un singulier hasard, plusieurs Parisiens ayant des parents à Ruvigny, viennent tous les ans y passer quelques semaines. Et ces Parisiens ne sont pas de pauvres sires. Il y a parmi eux un clubman connu et un journaliste célèbre. Autrefois les habitants de la petite ville se méfiaient de ces intrus. Mais ils se sont aperçus que ces étrangers ne différaient pas sensiblement des indigènes. Après de longues conversations, il fut avéré que ces gens venus de Paris n’avaient vraiment pas une idée de plus que les sédentaires provinciaux. C’est pourquoi les étrangers furent désormais fraternellement accueillis.

Chaque année, au mois d’avril, « au temps du renouveau, » comme disaient certains poètes locaux, une singulière petite fête était célébrée par les habitants des environs. Il y avait dans une clairière un petit monument en ruine que l’on appelait le Tombeau des Amants. Une légende survivait qui contait l’aventure de ces amants ensevelis dans la pacifique forêt. En des temps de chevalerie, une noble jeune fille éprise d’un artisan s’était enfuie de son