Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/268

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château avec celui qu’elle aimait. Pour faire bénir son mariage, elle s’en alla trouver l’évêque. Mais celui-ci, durement, la chassa de l’Église et livra le manant à la justice. Le jour même où l’on dressa la potence, la jeune fille mourut. Et le lendemain on trouva les corps des deux amants miraculeux transportés dans la forêt où souvent ils avaient erré. Ils reposaient côte à côte parmi les fleurs. L’évêque, attendri, revêtit ses habits sacerdotaux et, dans la forêt, il bénit le mariage de ces deux morts. Une messe commémorative avait été fondée. On ne la célèbre plus. Mais une fête que patronne la municipalité a remplacé fort décemment la cérémonie religieuse. Les habitants de Ruvigny tiennent beaucoup à ce souvenir, et de tous temps cette fête fut splendide. Seulement, autrefois le maire disait dans son discours : « Souvenez-vous toujours, messieurs, de cette gracieuse légende. Ce n’est pas seulement une poétique aventure, c’est une édifiante histoire qui nous montre la miséricorde infinie de l’Église. » Ces paroles étant quelque peu démodées, le maire dit aujourd’hui : « Souvenez-vous, citoyens, de cette gracieuse légende. Et n’oubliez pas qu’elle contient un enseigne-