Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/271

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étoffes surannées. De son père, Hélyas garde une moins précise vision. Le comte Gérard était mort quelque part au loin, il y avait bien longtemps.

Toute l’année de deuil, l’orphelin fut laissé en liberté dans le château. C’était en un pays de prairies profondes et molles au pied des Pyrénées. Hélyas connut les plaines, les jardins et les bois ; il aima les fleurs sauvages, le ciel et l’eau. Puis, brusquement, les oncles qui surveillaient l’enfant s’assemblèrent un soir, délibérèrent, décidèrent que le comte Hélyas serait mis en un lointain collège de prêtres. Dès lors, Hélyas fut abandonné à ses maîtres ; ses oncles vinrent le voir rarement, et même au temps des vacances il ne quitta pas le collège. Pourtant il ne s’ennuya pas ; il aima ces jours d’oisiveté dans le collège désert. En de lumineuses heures d’été la banale maison d’étude se transformait pour lui en quelque vague palais au bois dormant. Hélyas se promenait dans les couloirs vides, et dans les salles et dans les préaux ; et le souvenir des cris et des tumultes de naguère faisait là le silence presque surnaturel. Vers le soir, on appelait l’enfant au réfectoire. Il était servi par