Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/92

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Tu m’as trouvée ainsi qu’une abeille exilée
Des belles ruches d’or.

Oriane, riant.
Des belles ruches d’or. Et je vous ai volée !
Doriette.
Tu m’as prise en tes bras, marraine, et j’ai grandi

Dans la forêt que dore un magique midi.

Oriane.
Oui, mais tu fuis parfois la divine clairière.

Tu t’en vas, déployant, ô ma douce guerrière,
Comme un noble étendard tes cheveux dans le vent,
Et je sais que là-bas tu triomphes souvent
Et qu’en des soirs d’orgueil tu choisis pour escorte
Des rois tristes que tu domptas.

Doriette
Des rois tristes que tu domptas. Oui, je suis forte !

Mes pieds se sont posés sur les grands boucliers
Comme de blancs oiseaux frêles et familiers
S’abattent sur les toits altiers des citadelles.
Oui, partout, des amants inconnus et fidèles
M’attendent. Eh bien, là, dans le bois, ce matin,
Je ne sais quel chanteur puéril et hautain
M’insulta, comprends-tu, moi la victorieuse !
Mais tu me vengeras.