Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/93

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Oriane.
Mais tu me vengeras. Ma belle furieuse,

Conte-moi quelle fut cette insulte !

Doriette.
Conte-moi quelle fut cette insulte ! J’errais,

Écoutant vaguement sous les feuillages frais
Les murmures amis d’une source sacrée.
Soudain (certes, j’eus tort !) ma ceinture dorée
Et ma robe, je les jetai dans les buissons,
Et, souriante, avec de farouches frissons,
Je me cachai dans la splendeur de la fontaine.

Oriane, vivement.
Et l’enfant qui rêvait sur la route lointaine

Accourut, vit briller l’éclair de tes cheveux,
S’enivra de ta chair et, dans ses bras nerveux,
Prit, comme un ægipan vainqueur d’une faunesse,
Ton cher corps éclatant de royale jeunesse ?

Doriette, un peu confuse.
Eh ! non, ce ne fût pas cela…
Oriane.
Eh ! non, ce ne fût pas cela… Tu me parlais

D’une insulte ?

Doriette.
D’une insulte ? Tandis, hélas ! que je voilais