Page:Œuvres de Bacon, II.djvu/398

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SAGESSE DES ANCIENS

sissent à persuader ce qu’ils conseillent et ils ont peu d’aptitude pour les affaires. Ils sont même nuisibles à ceux avec qui ils se lient et dont ils se font écouter, ils hâtent la ruine de leurs amis, et alors enfin, je veux dire lorsque le mal auquel ils ont eux-mêmes contribué par la raideur et l’âpreté de leur caractère est consommé et sans remède, ils passent pour des oracles, pour de grands prophètes, pour des hommes qui ont la vue longue. C’est ce dont on vit un exemple frappant en la personne de Caton d’unique. Ce Romain prévit que la ruine de sa patrie serait l’effet de deux causes, savoir d’abord la conspiration de Cesai et de Pompée, puis leur mésintelligence. Son génie élevé vit cette catastrophe longtemps avant l’événement, et sa prédiction fût une espèce d’oracle, mais ce malheur qu’il sut prévoir de si loin, il ne sut pas le prévenir il fût même assez imprudent pour y contribuer, et son âpreté hâta la ruine de sa patrie, observation judicieuse qu’a faite Ciceron lui-même, avec cette élégance qui lui était propre « Caton, disait-il, est un personnage d’un grand sens, cependant il ne laisse pas de nuire quelquefois à la république, il nous parle comme si nous vivions dans la république de Platon, et non dans cette lie (co marc) de Romulus.

II. — Typhon, ou les révoltes

Junon, indignée de ce que Jupiter avait engendré, de lui-même et sans le concours de son épouse, Pallas, qui était sortie tout armée de son cerveau, fatigua long-temps par ses prières tous les dieux et toutes les déesses, afin qu’ils la missent aussi en état d’enfanter sans la coopération de Jupiter. Les dieux, vaincus par ses importunités, ayant consenti à sa demande, elle ébranla la terre jusque dans ses fondements, secousse qui donna naissance a Typhon, monstre d’une stature immense et de l’aspect le plus terrible, un serpent fut chargé de le nourrir. Lorsqu’il fut grand, il déclara aussitôt la guerre a Jupiter. Dans ce combat le dieu fut vaincu et tomba au pouvoir du géant, qui, l'ayant nus sur ses épaules, le porta dans une région obscure et fort éloignée, puis il lui coupa tous les nerfs des pieds et des mains et, après l’avoir ainsi mutilé, il le laissa dans ce triste état, mais ensuite Mercure eut l’adresse de dérober au géant les nerfs de Jupiter et les rendit a ce dieu Jupiter, ayant ainsi recouvre toutes ses forces, attaqua de nouveau le monstre, il le blessa d’abord d’un coup de foudre, et du sang qui coula de la blessure qu'il lui fit naquirent quantité de serpents, alors enfin il lança contre lui le mont I tnn et, l’écrasant de cette masse énorme, il le tint immobile, état ou il est encore