Page:Œuvres de Bacon, II.djvu/96

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bloque, voyant au commencement de juillet leur espérance entièrement frustrée, prirent le parti d’abandonner le bâtiment et de se hasarder dans leur chaloupe. Ainsi, il paraît que les rayons du soleil n’ont pas beaucoup de force, même sur une terre unie, et les rayons réfléchis n’en ont guère davantage, a moins qu’ils ne soient multipliés et réunis par quelque cause ou circonstance. Et c’est ce qui arrive lorsque le soleil approche du zénith, car alors les angles que les rayons réfléchis font avec les rayons incidents étant plus aigus, les rayons des deux espèces s’approchent, se serrent davantage, au lieu que, dans les grandes obliquités du soleil, ces angles étant fort obtus, les lignes des rayons des deux espèces sont plus distantes les unes des autres. Au reste, il faut observer qu’il est beaucoup d’effets dus aux rayons du soleil ou à la simple chaleur qui ne sont nullement proportionnés au degré de finesse de notre tact, en sorte que, par rapport a nous, ces effets ne vont pas jusqu’à produire une chaleur sensible, mais que par rapport aux autres corps, ils ne laissent pas d’imiter tous les effets de la chaleur.

4 (corresp au 2e affirm ) Il serait bon de tenter l’expérience suivante : construisez un miroir d’une figure toute contraire a celle qu’on donne ordinairement aux miroirs brûlants, placez-le entre la main et les rayons du soleil, et voyez s’il diminue la chaleur produite par les rayons solaires, comme le miroir brûlant l’augmente et lui donne plus d’intensité. Car il est évident, pour qui connaît la marche des rayons solaires, que, selon que ce miroir est construit dans une densité inégale par rapport a son milieu et a ses côtés, les images paraissent plus diffusés et plus grandes, ou plus resserrées et plus petites. Ainsi il faut faire les mêmes observations par rapport à la chaleur.

5 (corresp au 2e affirm) Mais voici une expérience qui demande encore plus d’exactitude, il faut voir si, a 1 aide d’un miroir brûlant d’une grande force et construit avec le plus grand soin, on ne pourrait pas réunir les rayons de la lune au point de produire tout au moins un très-faible degré de chaleur, et comme il pourrait arriver que ce degré de chaleur fut trop faible pour être sensible au tact, il faudrait alors recourir aux verres qui indiquent la température chaude ou froide de l’air en sorte que les rayons de la lune, réunis à l’aide du miroir brûlant, fussent projetés sur la surface d’un verre de cette espèce, et alors voir s’il en résulterait quelque faible degré de chaleur qui fit baisser l’eau.

6 (corrsp au 2e affirm) Il faudrait voir aussi quel effet produirait un miroir brûlant éprouve sur un genre de chaleur qui ne