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LETTRE DE JACQUELINE PASCAL A MADAME PERIER

nous avons surtout à retenir l’impression que Descartes produisit sur Pascal. Sous l’influence peut-être de Roberval, Pascal vit dans Descartes le type du métaphysicien préoccupé de thèses a priori, telles que l’existence de la matière subtile, décidé à soutenir son système à l’aide de principes absolus ou de raisonnements purs, indépendamment et à l’encontre même de l’expérience. Dans ces conditions il semble bien, ou qu’il n’ait pas songé à lui demander, ou qu’il n’ait pas eu conscience d’avoir reçu de lui, un plan déterminé de recherche expérimentale. Les deux génies n’étaient pas nés pour se comprendre : de là le malentendu qui surgit entre eux, mais qui ne paraît pas avoir laissé de traces bien profondes si on en juge par le ton des lettres de Chanut à Perier en 1650[1], et par l’hommage que Pascal rend à Descartes dans un fragment qui paraît être de 1658[2].


    ces articles dans notre Introduction ; nous y avons aussi mentionné les articles de M. Mathieu (Pascal et l’expérience du Puy-de-Dôme, Revue de Paris, avril-mai 1907 et mars-avril 1907). Cf. les appréciations fort judicieuses qu’à la suite de ces derniers articles MM. Milhaud (Revue scientifique, 22 juin 1907, p. 749) et Strowski (Histoire de Pascal, ch. VII, p. 173) ont formulées sur l’exacte portée des revendications de Descartes.

  1. Vide infra, p. 413-415 et p. 437-438.
  2. Réflexions sur l’Art de persuader, 4e édit. in-16, Hachette, 1907, p. 193. Ces Réflexions sont contemporaines de la lettre où Meré écrit à Pascal : « Descartes que vous estimez tant… » Œuvres posthumes, t. II, 1712, p. 68.