Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/274

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168 ŒUVRES

maison, et 1 insulta contre le premier, qui s’opposoit à son avis, et forma le dessein de le perdre. Le malade en cet estat douteux, apercevant de loin le troisiesme, luy tend les mains, comme à celuy qui le devoit déterminer. Celuy-cy ayant considéré ses blessures, et sceu l’avis des deux premiers, embrasse le second, s’unit à luy, et tous deux ensemble se liguent contre le premier et le chassent honteusement, car ils estoient plus forts en nombre. Le malade juge à ce procédé qu’il est de l’avis du second, et le luy demandant en effet, il luy declare affirmativement que ses forces sont suffisantes pour faire son voyage. Le blessé neantmoins ressentant sa foiblesse, luy demande à quoy il les jugeoit telles. C’est, luy dit-il, parce que vous avez encore vos jambes. Or les jambes sont les organes qui suffisent naturellement pour marcher. Mais, luy dit le malade, ay-je toute la force necessaire pour m’en servir, car il me semble qu’elles sont inutiles dans ma langueur ? Non certainement dit le Medecin, et vous ne marcherez jamais effectivement, si Dieu ne vous envoyé 2 son secours du Ciel pour vous soustenir et vous conduire. Et quoy, dit le malade, je n’ay donc pas en moy les forces suffisantes, et ausquelles il ne manque rien pour marcher effectivement ? Vous en

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1. A 2 B. [insultant]....forma. — Richelet et Littré ne citent que cet exemple d’insulter contre. Vaugelas signale ce verbe comme étant un néologisme.

2. A 2 B. [un] secours [extraordinaire] pour ; W. ne donne pas cette addition.