Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

304 ŒUVRES

pour vivre dans la pieté de la maniere qu’ils l’entendent. Comme leur Morale est toute payenne la nature suffît pour l’observer. Quand nous soustenons la necessité de la grace efficace, nous luy donnons d’autres vertus pour objet. Ce n’est pas simplement pour guerir les vices par d’autres vices ; ce n’est pas seulement pour faire pratiquer aux hommes les devoirs exterieurs de la Religion ; c’est pour une vertu plus haute que celle des Pharisiens et des plus sages du paganisme. La loy et la raison sont des graces suffisantes pour ces effets. Mais pour dégager l’ame de l’amour du monde, pour la retirer de ce qu’elle a de plus cher, pour la faire mourir à soy-mesme, pour la porter et l’attacher uniquement et invariablement à Dieu, ce n’est l’ouvrage que d’une main toute puissante. Et il est aussi peu raisonnable de pretendre que l’on 1 a tousjours un plein pouvoir, qu’il le seroit de nier que ces vertus destituées d’amour de Dieu, lesquelles ces bons Peres confondent avec les vertus Chrestiennes, ne sont pas en nostre puissance.

Voila 2 comment il me parla et avec beaucoup de douleur ; car il s’afflige serieusement de tous ces desordres. Pour moy j’estimay ces bons Peres de l’excellence de leur Politique ; et je fus selon son conseil trouver un bon Casuiste de la Societé. C’est une de mes anciennes connoissances que je voulus renouveller exprez. Et comme j’estois instruit de la

________________________________________________________

1. PP’A. [en].

2. P’. [comme].