Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

310 OEUVRES

Ah vrayement, il faut que je vous en instruise. Vous n’aurez pas perdu vostre temps d’estre venu icy, sans cela vous ne pouviez rien entendre. C’est le fondement et l’A. b. c. de toute nostre Morale. Je fus ravy de le voir tombé dans ce que je souhaittois; et le luy ayant tesmoigné, je le priay de m’expliquer ce que c’estoit qu’une opinion probable. Nos Auteurs vous y respondront mieux que moy, dit-il. Voicy comme ils en parlent tous generalement, et entr’autres nos 24 1 . Une opinion est appellée probabable, lorsqu’elle est fondée sur des raisons de quelque consideration. D’où il arrive quelquefois qu’un seul Docteur fort grave peut rendre une opinion probable. Et en voicy la raison 2 . Car un homme adonné particulierement à l’estude, ne s’attacheroit pas à une opinion, s’il n’y estoit attiré par une raison bonne et suffisante. Et ainsi luy dis-je, un seul Docteur, peut tourner les consciences et les bouleverser à son gré, et tousjours en seureté. Il n’en faut pas rire, me dit-il, ny penser combattre cette doctrine. Quand les Jansenistes l’ont voulu faire, ils 3 ont perdu leur temps. Elle est trop bien establie. Escoutez Sanchez qui est un des plus celebres de nos

_____________________________________________________________

consacre à cette question de la probabilité une très longue " dissertation theologique » dont il a fait une note à la cinquième Provinciale. Elle avait été rédigée par Arnauld, et fut augmentée de moitié, dans la sixième édition de Wendrock.

1. P’AB. [in princ. Ex. 3. n. 8.]. — Cf. ce texte d’Escobar et le suivant, supra p. 288.

2. P’A. [au mesme lieu],

3. PP’A.,[y].