Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/64

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XLVI INTRODUCTION

entre leurs mains 1 — affirmation singulièrement démentie par certains endroits de sa propre Apologie où le relâchement paraît bien exalté pour le relâchement lui-même 2 . Selon Pascal, les Jésuites, et tout particulièrement — c’est un point sur lequel il aurait insisté s’il avait continué les Provinciales 3 — les Jésuites des générations nouvelles, ont été les héritiers les plus complaisants, les bénéficiaires les plus dangereux de l’affaissement systématique de la morale chrétienne. Parce qu’ils ne séparent pas la cause spirituelle de la religion et l’intérêt de leur domination temporelle, parce qu’ils croient qu’il leur est licite d’user de tous les moyens pour gagner le monde à leur influence et pour le retenir, ils ont réussi là où le succès s’achète plus par la complaisance que par le scrupule : ils gouvernent les nobles et les ecclésiastiques, ils confessent les rois. Ce sont donc les Jésuites qu’il faut savoir atteindre et savoir guérir si l’on veut remédier aux maux du catholicisme. Aussi bien l’offensive de Pascal n’est-elle que la contre-partie de l’attaque dirigée contre Arnauld. Au moment où Pascal prend la plume pour arracher à un péril immédiat les chrétiens menacés par la censure de Sorbonne, par les bulles du pape, par les décisions de l’Assemblée du Clergé sur la signature du Formulaire, qui doute que les Jésuites ne soient les adversaires les plus agissants de


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1 . « Je soùtiens que s’il y a du relaschement dans les opinions de la Morale, il ne vient pas depuis cent cinquante ans, et que les Autheurs que vous calomniez, sont plus estroits que ceux des Siècles precedens. Suares est incomparablement plus estroit que les anciens Scholastiques. Sanchez plus estroit que les anciens Canonistes. Les sentences larges que vous reprenez en ceux de la société ont esté enseignées long-temps avant que cette compagnie fust au monde » (Apologie, p. 124).

2. Vide infra p. XLVIII-XLIX.

3. Cf. Treizième Provinciale, infra T. VI, p. 41 et note 2.