Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/378

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362 ŒUVRES

ger mon dessein ; et neanmoins, 1 mes Peres, je ne laisseray pas de le continuer en quelque sorte, puisque j’espere en me defendant vous convaincre de plus d’impostures veritables, que vous ne m’en avez imputé de fausses. En verité, mes Peres, vous en estes plus suspects que moy. Car il n’est pas vraysemblable, qu’estant seul, comme je suis, sans force et sans aucun appuy humain, contre un si grand corps, et n’estant soustenu que par la verité et la sincerité 2 je me sois exposé à tout perdre, en m’exposant à estre convaincu d’3 impostures. Il est trop aisé de découvrir les faussetez dans les questions de fait, comme celles-cy. Je ne manquerois pas de gens pour m’en accuser, et la justice ne leur en seroit pas refusée 4. Pour vous, mes Peres, vous n’estes pas en ces termes, et vous pouvez dire contre moy ce que vous voulez, sans que je trouve à qui m’en plaindre. Dans cette difference de nos conditions je ne dois pas estre peu retenu, quand d’autres considerations ne m’y engageroient pas. Cependant vous me traitez comme un imposteur insigne, et ainsi vous me forcez à repartir : mais vous sçavez que

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1. B. mes Peres, manque.

2. Cf. la longue note prise par Pascal, sans doute à cette époque, (Pensées, fr. 921, T. III, p. 349) où on lit cette phrase : « Je suis seul contre trente mille ? Point. Gardez, vous la cour, vous l’imposture; moy la verité: c’est toute ma force ; si je la perds, je suis perdu. Je ne manqueray pas d’accusations et de persecutions. Mais j’ay la verité, et nous verrons qui l’emportera....»

3. B. [imposture]; W. calumniæ convinci possim.

4. W.... qui me in jus ducerent, nec accusatoribus meis justum de me supplicium negaretur.