Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/159

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mes, ou que Dieu ne donne pas à tous les hommes des grâces suffisantes pour leur salut, ou que la prédestination est sans la prévision des mérites.

« 1°, dit M. Pascal, nous avons ce grand nombre des sçavans et illustres défenseurs de la doctrine de St Aug. dont ce siècle est honoré par un don particulier de Dieu à son Eglise, et qui sont ceux qui deffendent aujourd’hui cette proposition contre les Molinistes qui la veulent abolir. Ceux-ci ont été précédés par un grand nombre d’autres entre lesquels est Florent Connus archev. d’Hibernie, qui l’a soutenue et déduite au long dans son livre imprimé depuis peu intitulé : Peregrinus Hiericoniinus[1]. »

M. Pascal prouve cette tradition de l’Eglise, par les fameuses censures de Louvain et de Douai contre les propositions des Jésuites sur la grâce donnée à tous les hommes : par la censure que la Faculté de Paris a faite, longtems auparavant, de ces 2 propositions : 1° Dieu a prédestiné quelques uns de toute éternité, à cause de quelques bonnes œuvres qu’ils dévoient faire ; 2° Dieu n’a pas prédestiné si gratuitement celui qu’il a prédestiné, que ce ne soit en considération ou des bonnes œuvres qu’il devoit faire, ou d’un autre. Il conclud de là que la Faculté de Paris tenoit alors la prédestination avant la prévision du mérite des hommes, et qu’ainsi puisqu’elle ne procède pas de la volonté des hommes, elle procède de la volonté simple de Dieu.

Il cite plusieurs textes de S. Thomas, qui enseigne que « Dieu choisit les uns et reprouve les autres, sans qu’on puisse trouver d’autres causes de ces différences que sa seule volonté (1. p. q. 23. a. 5. ad. 3.). Que Dieu en punition du

  1. Florent Conrius, franciscain de la province de Connaugt (Irlande), théologien de Louvain et archevêque de Toame, auteur d’un Traité sur les enfants morts sans baptême et du Peregrinus Jerichunlinus. Cet ouvrage, composé avant l’Augustinus, parut en 1625, et fut réimprimé à Paris en 1641 (90 p. in-4o). Le chapitre viii porte ce titre : Præcepta Dei jidelibus impossibilia non esse, et peccata ab eis vitari posse declaratur. Une traduction en fut donnée par Arnauld en 1645.