Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

violent, et qu’ainsi ils sont absolument incapables de les observer, de quelque grâce qu’ils soient secourus, vous jugerez sans doute qu’il estoit nécessaire que le Concile prononçât contre une erreur si insuportable.

Vous voyez combien ces deux sens sont differens : en l’un, on entend proprement, que les Justes ont le pouvoir de persévérer dans la Justice : en l’autre, on entend proprement que les Commandemens sont possibles à la Charité, telle qu’elle est dans les Justes en cette vie : Et quoy que ces deux sens soient exprimez icy par des parolles si différentes, ils peuvent néanmoins tous deux estre exprimez par ces parolles : Les Commandemens sont possibles aux Justes.

Mais comme cette proposition est équivoque, vous ne trouverez pas étrange qu’on puisse l’accorder en un sens et la nier en l’autre. Aussi elle a eu des hérétiques contraires dans les deux sens :

Les restes des Pelagiens soutiennent les Commandemens toujours possibles aux Justes, au premier sens ; l’Eglise le nie.

Les Luthériens soutiennent les Commandemens impossibles au second sens ; [1]l’Eglise le nie.

Ainsi le Concile ayant à combattre deux erreurs si différentes, [puis] qu’il est aussi hérétique de soutenir que les Commandemens sont toujours possibles au premier sens, que de les soutenir impossibles au second, comme ce sont des matières toutes séparées,

  1. G. [et].