Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/188

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hommes ne sont pas sauvez, parce qu’ils ne le veulent pas ; Dieu ne quitte point, s’il n’est quitté ; Dieu veut que tous les hommes soient sauvez, etc.

Tous les discours de cette sorte sont communs aux deux parties, Saint Augustin [1]l’eût dit aussi bien que ses ennemis, Et comment ne le feroit-il pas, veu que la plupart[2] sont de l’Ecriture sainte ?

Mais les expressions contraires sont particulières à saint Augustin et à ses disciples, comme : Le salut ne dépend que de Dieu ; La gloire est gratuite ; Ce n’est ni de celuy qui veut, ni de celuy qui court, mais de Dieu, qui fait miséricorde ; Ce n’est point par les œuvres [3][que nous sommes sauvez], mais par la vocation ; C’est Dieu qui opère le vouloir et l’action suivant son bon plaisir ; Les Commandemens ne sont pas toujours possibles ; La grâce n’est pas donnée à tous ; Tous les hommes ne sont pas sauvez, non parce qu’ils ne le veulent pas, mais parce que Dieu ne veut pas ; Chaque action que nous faisons en Dieu, est faite en nous par Dieu mesme.

Toutes celles de cette sorte sont propres à saint Augustin ; de sorte que, par un merveilleux avantage pour sa Doctrine, les expressions Semi-pelagiennes sont aussi Augustiniennes, mais non pas au contraire.

D’où l’on voit combien il est injuste de prétendre

  1. G. [eût ainsi parlé].
  2. G. [de ces phrases].
  3. Addition de Bossut.