Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/208

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IV[1]

C’est ainsi qu’il est dit que Dieu ne laisse point le Juste, si le Juste ne le laisse, et cependant il fait voir en tant d’endroits que Dieu laisse le premier. De sorte qu’il dépend de la sincérité et de la bonne foy d’entrer dans le véritable sens de ces passages, ou de se rebuter, et de s’aveugler volontairement.

Ces deux choses subsistent ensemble [que Dieu laisse quelquefois le premier], et que l’homme laisse le premier. Car il est vray que Dieu ne cesse point de donner ses secours à ceux qui ne cessent point de les demander ; mais il est véritable aussi que l’homme ne cesseroit jamais de les demander si Dieu ne cessoit de luy donner la grâce de luy demander : de sorte qu’en considérant cette double cessation de la part de Dieu, l’une par laquelle il cesse de donner la prière, l’autre par laquelle il cesse de donner l’effet de la prière, il est aussi certain que Dieu ne cesse jamais de donner l’effet de la prière à ceux qui le

  1. Tout le fragment que nous donnons ici se trouve au ms. 12449 f° 694-695, où il fait corps avec le long développement qui le suit : Examinons donc, s’il vous plaist… (cf. infra p. 213) Mais ce n’est qu’une autre rédaction de l’idée énoncée dans le fragment donné supra p. 188, avec lequel il fait double emploi. La suite des idées étant ici moins nettement marquée, le style étant plus brusqué, il paraît bien que c’est une première ébauche Bossut, qui ne l’a pas publié, semble donc avoir eu raison de préférer l’autre rédaction.